Avons-nous fait sauter la balance pour de bon ?

DID WE BLOW THE SCALE FOR GOOD ?

Passage obligé, l’avenir immédiat le dira.

Il dépend de l’honnêteté et de la sincérité des leaders de la société civile et politique, qu’ils soient en mesure ou non de s’ajuster face à l’intervention des étrangers et la rapacité des ennemis communs. Le comportement de ces leaders dictera le modèle à suivre et l’espérance pour le reste de la société. L’une des manifestations la plus concrète en termes d’impact psychologique serait la réduction du nombre de partis politiques. Il est impératif qu’ils se fusionnent pour devenir au plus trois grands partis, lesquels seraient représentés par des hommes et des femmes des moins controversés, moins incandescents et plus charismatiques. Ceux qui occupent le haut du pavé aujourd’hui se sont épuisés dans un combat sans merci, au moins, sans se défaire de leurs capacité, de leur droit, de leur devoir civique et politique, de leur appétit citoyen; ils devraient céder le leadership, le rôle premier, à des intervenants autant soucieux du bien-être de la population et de la préservation des acquis conjoncturels. Le travail colossal qu’ils ont déjà réalisé risque d’expirer si le témoin n’est pas transmis, même temporairement. Ces acquis indiscutables devraient désormais servir de collatéral, comme arsenal politique de guerre , en alternance, et mis en réserve sous l’émergence d’un protocole rajeuni. Mais à cette étape d’occupation d’Haïti encore une fois par les forces étrangères qui sont venus récupérer une victoire probable de l’opposition, ces leaders ne pourront pas efficacement à eux seuls leur tenir tête. Leur logistique nationale et internationale dépasse de trop loin le caractère rendu dépendant de l’État et de la population haïtienne. D’un autre côté, la société civile doit faire pousser une multitude de leaders communautaires parmi les jeunes militants et activistes intellectuels et universitaires, désireux de mettre à profit leur appétit civique, leur compétence, leur énergie informatique, physique et mentale. En même temps, à travers eux, des initiatives économiques et communautaires doivent être engagées afin que ces nouveaux leaders ne soient pas livrés à la merci des prédateurs traditionnels.

Un discours nouveau devrait sortir de leurs cerveaux , un souffle frais se dégager de leurs narines. Ainsi formattés, ils seraient pris et utilisés comme modèles d’orientation pour les plus jeunes et les générations à venir. Il y a une absence totale de perspective héréditaire en ce qui a trait à l’éducation nationale dans le sens absolu. Tout doit être repenser au détriment du statu quo et des antécédents historiques douloureux.

A la Diaspora, source inestimable mais non inépuisable, de faire oeuvre qui vaille en utilisant ses moyens illimités, donnant sa mesure en introduisant un concept ou des concepts d’investissement qui répondraient dans le sens macro aux besoins stratégiques des militants honnêtes, sincères et actifs. Ces investissements ne devraient pas se faire dans le but de faire fortune personnelle, mais dans le but d’assurer aux leaders communautaires la capacité de gérer des entreprises qui rendraient les populations moins vulnérables aux influences néfastes des faiseurs de rois locaux et internationaux.

De cette chaîne d’activités sociologiquement structurelles, une nouvelle élite politique, sociale et économique finirait par voir le jour pour remplacer celle disparue et renouveler celle du jour en déliquescence, la classe moyenne. Ces acquis révolutionnaires mentionnés tout au début de ce réquisitoire, seraient du même coup renforcés, ainsi que le mouvement social et politique dans l’ensemble. D’autres visages académiques fiables et convaincants seraient incontestablement comme de l’eau à notre moulin qui a presque tout donné de sa capacité légendaire.

Ces sacrifices doivent être consentis entre le politique et le social.

Avant tout, l’homme haïtien est un être qui se cherche. Traqué comme un animal blessé, il fouille dans la profondeur de ses racines la potion magique qui guérit de l’esclavage. Malheureusement pour lui, elles sont tellement profondes et nombreuses, qu’il doit se terrer dans le marronnage jusqu’à ce qu’il trouve dans sa source le liquide amniotique qui lui permettra de se guérir. Quand il l’aura trouvé, en guerrier habituel, il refera surface et reprendra son chemin à l’assaut des vautours qui ne cessent de de l’épier et le contenir dans sa quête de liberté.

Donc, de ces foules immenses qui réclament justice et mieux-être, viendra t-il un messie, sortira t-il quelque chose de bon ? Sans aucun doute. Si nous prenons les bons moyens. Oui !

Je Plaide

07 Novembre 2019

Mike Joseph