MA FEMME MON MIRROIR INFIDÈLE
Tranquillement assise à quelques mètres de moi
À travers elle je vois tout ce que je ne suis pas
Et surtout ce qu’elle ne voudrait pas que je sois
En elle je me vois tomber du ciel sans avoir touché le sol
Une sorte de flottabilité en tourbillon sans fin
En moi se trouve quelque chose que je donne sans profit
Or ce miroir infidèle que je sais tenir de mes deux bras
Souvent je le laisse tomber mais il ne se casse pas
Moitié fer, moitié glace il est mon horizon et ma passion
J’ai beau me persuader que c’est elle mon autre moitié
Qu’il en faut deux pour tenir la route, sinon c’est foutu
Gare à celle ou celui qui le pense différemment
Ai-je tort de le comprendre ainsi
Qu’une moitié brisée entraine son égale dans la chute
Avec elle dans son agonie, dans son éternel repos
Un miroir éclaté en mille pièces et en mille morceaux
Sait offrir malgré tout un sourire, un baiser
Des images qui durent au-delà d’une idylle
En ce sens mon miroir est fidèle
Même brisé, en petit format je le trouve moins trompeur
Pleine nature qu’il était, bien encadré, trop bien exposé
De grandeur magistrale de contour bien roulé, ondulé
Il vous fait croire aux dieux et aux célébrités
En tout ou en partie il porte ses secrets dans son dos
Aux bris, il ne reste plus rien de trop grand
Que peu d’artifice, plein de tendresse et noble solitude
Que si petits morceaux, soit l’album de notre vie
J’ai gardé tout ce bruit, tout ce bris difficile à coller
Que chacun me fait rougir d’émoi, lorsque je me revois Me donne la chair de poule là où tout est intime
J’apparais tout entier dans mon costume de rêve
D’une élégance sobre, d’une allure toute princière
D’un élan de royauté d’où je tiens tout mon fort
En mon âme remplie d’allégresse et de souvenirs d’antan
À coller çà et là ces bouts de verre brisé
Les voilà placés dans un tiroir qui ne s’ouvre que parfois
Lorsque chacun de nous certains soirs excités
S’écarte trop loin de la flamme quelque peu embrasée
De ce monde aux mille fantaisies qui s’effacent au bûcher
Dans ce foyer nerveux les regards se fixent
Dans l’éternité du bûcher de bois gris
Et le feu s’évapore dans les cendres d’un parfum érotique
Tout s’éteint, il ne reste que nous en chair et en nature
Sans armure, sans monture, infidèles aux témoins
Le miroir brisé ne répond qu’à moitié.
09 Janvier 2021
Mike Joseph